Statut
Presse
Solo et À mains nues, présentés ensemble, durent chacun une demi-heure et mettent en images superbes et inventives deux chorégraphies créées et dansées par Michèle Noiret. Le premier la voit évoluer sur le silence, puis sur une musique de Karlheinz Stockhausen. Le second se passe totalement de musique, mais accueille les mots et la présence du poète Joseph Noiret, le père de Michèle. D'une sobriété exemplaire, Solo fait évoluer une femme dans son rapport au monde et avec ses mondes (imaginaire, souvenirs, sensations...). A mains nues introduit avec autant de justesse que d'économie quelques effets visuels offrant à celle qui danse l'occasion d'esquisser un pas de deux avec son propre fantôme. Maître d'une caméra tantôt fixe et austère, tantôt mouvante et lyrique, Knauff interprète l'oeuvre de la chorégraphe avec son art précis, à la fois poétique et concret, inscrivant le diptyque dansé dans la continuité d'une filmographie déjà fortement marquée précédemment par les rapports à la musique et au son. (...) Le résultat offre un spectacle qui bouleversera tant les cinéphiles que les amateurs de danse.
Les amateurs de danse, voire les connaisseurs de l'oeuvre de Michèle Noiret s'y précipiteront, à raison. Nul besoin pour autant d'être un spécialiste de la danse pour goûter à la poésie de ces deux films de Thierry Knauff. En faisant fi des catégories, en se nourrissant plutôt d'une rencontre, d'un échange, le cinéaste a imaginé un trajet qui croise celui de la danseuse et chorégraphe. À leur intersection : le corps, cette matière dense, plurielle, palpable, fuyante, marquée par la lumière et l'ombre, portée par le mouvement, la musique, le silence, le souffle. Il y a tout cela, dans "Solo" d'abord, où flottent sur un sol organique les traces de "Solo Stockhausen", spectacle pur, intime et généreux. Dans "À mains nues" ensuite, où la poésie se fait plus présente encore physiquement puisqu'y apparaît, dans son âge émouvant, le père de la chorégraphe, le poète Joseph Noiret. Ici la seule musique est celle du corps, du souffle, du papier, du murmure. D'une ampleur inversement proportionnelle à sa portée immédiate. Ici se mêlent la peur et la tendresse, au bord de l'abyme que suggère l'écran, porteur d'images décalées ou à rebours, l'écran caressé comme un talisman, puis crevé par curiosité ou avec rage, formant une brèche par où tout - mots, souffles, images - peut survenir. C'est donc, outre un duo de films, une double chorégraphie que propose Thierry Knauff, qui lui-même sculpte le mouvement sous la lumière, dans un noir et blanc foisonnant de nuances et qui laisse parler la peau, l'étoffe, les axes du corps. Le tout s'offre aux sens du spectateur, à ses émotions propres, esthétiques, artistiques, voire intime. Parmi les rares rendez-vous de la danse à l'écran, ceux-ci composent en outre un diptyque d'exception, ciselé avec la finesse et la générosité d'un vrai regard."
Chorégraphie et cinématographie sont deux formes d'écriture, deux graphies. Où et comment se rejoignent-elles ? Pour Thierry Knauff, cinéaste (auteur et réalisateur aussi, entre autres, de "Wild Blue", "Baka", "Seuls"), la jonction est ailleurs. "Il y a le temps de la scène et le temps du film. D'emblée, il est clair que ce que nous tentons, c'est un film, pas une captation. Chaque discipline a ses possibilités, ses limites, ses artifices, et ce ne sont pas les mêmes qui sont en oeuvre. Quand on assiste à un spectacle, la mise en scène consiste à diriger le trajet de l'écoute, du regard, de la perception, alors que tout est là tout le temps - d'attirer l'attention vers tel ou tel point. Le cinéma permet la fragmentation; on peut se focaliser sur un doigt, un mouvement de la joue, ou perdre le corps dans l'espace. Mais il s'agit toujours d'organiser la perception. Les mêmes choses sont possibles mais différemment. C'est ce qui est toujours négligé lorsqu'il y a captation, on est dans le ni-ni : ni spectacle ni cinéma. Mais dans la réduction à force de nier ce que ça a de spécifique, comme si l'image "de" valait "pour". Ici, on tente autre chose. Avec les moyens du cinéma. Oublions Michèle Noiret et Thierry Knauff, pour retenir une femme, un corps. Pour nous demander de quelle manière cette oeuvre - voulue ouverte, accueillante - nous touche."
Distribution & crédits
Générique
Image Antoine-Marie Meert
Montage Luc Plantier, Thierry Knauff
Son Bruno Tarrière, Paulo de Jesus, Magali Schuermans
Décor Yvan Bruyère, Philippe Hekkers
Mixage Benoît Biral
Bruitage Marie-Jeanne Wijkmans
Musiques Karlheinz Stockhausen
« Musik im Bauch für Spieluhren »
« Tierkreis » für Karinette und Klavier, clarinette Suzanne Stephens, piano Majella Stockhausen
avec l’aimable autorisation de Stockhausen Verlag
Photographies Les Films du Sablier
Photographies tournage Sergine Laloux
Solo a obtenu le Prix du Meilleur Film sur l’Art (Asolo, Italie - 2005), le Prix Biennal hainuyer de la Création Audio-Visuelle (Charleroi, 2005), le Prix du Meilleur Film de Fiction (Namur, 2005), le Prix de la Meilleure Bande Sonore (Namur, 2005)
Coproductions LES FILMS DU SABLIER / HEURE D’ETE PRODUCTIONS / ARTE FRANCE / RTBF / VRT/ SVT / LES FILMS DU NORD / LUMIERE PRODUCTIE
Avec l’aide de Centre du Cinéma et de l’Audiovisuel de la Communauté française de Belgique et des télédistributeurs wallons, du Vlaams Audiovisueel Fonds, du Fonds Promimage de la Région wallonne, du Centre National de la Cinématographie technologies numériques et effets spéciaux, du CNC cm, du CRRAV et de Hainaut Cinéma, Province de Hainaut, programme Interreg IIIa de l’UE, de la Loterie Nationale et de la Compagnie Michèle Noiret.