Danseuse/chorégraphe
La chorégraphe Michèle Noiret entre en 1976 à l’école Mudra de Maurice Béjart, où elle étudie durant trois ans. En 1977, elle y rencontre Karlheinz Stockhausen qui lui parle d’un projet de danse solo intégré à sa musique. Dès sa sortie de Mudra, elle étudie la notation gestuelle du compositeur et travaille avec lui comme soliste durant une quinzaine d’années. De cette collaboration naissent trois créations faisant partie de l’opéra Donnerstag aus Licht. Elles sont représentées un peu partout dans le monde. L’opéra est notamment monté dans son entièreté, pour la première fois en 1981 à la Scala de Milan, avec Luca Ronconi pour la mise en scène et Gae Aulenti pour la scénographie et les costumes, puis en 1985, au Covent Garden de Londres avec Michaël Bogdanov et Maria Bjornson.
En 1981, Michèle Noiret rencontre Pierre Droulers avec qui elle travaille sur plusieurs projets, notamment La Jetée (1983). Elle part en 1982 explorer la scène new-yorkaise, où elle est marquée par la rencontre avec les danseurs de la compagnie de Trisha Brown et la « danse contact ». De retour en Belgique, elle monte sa compagnie en 1986, en créant et interprétant le solo La Crevêche, et un duo du même nom avec Jean-Christian Chalon. Dans le même temps, à travers le monde, elle continue avec Karlheinz Stockhausen de tourner, en version concertante, avec huit solistes — chanteurs, musiciens et danseurs —, les pièces extraites de l’opéra Donnerstag aus Licht, notamment en France, à la Fondation Maeght à St Paul-de-Vence, au Festival d’automne de Paris, au Festival de Salzbourg, à Varsovie, Moscou, Rio de Janeiro, etc. Elle est souvent sollicitée pour enseigner le travail de notation du compositeur.
Son activité de chorégraphe prend une place de plus en plus importante dans son travail avec le solo Vertèbre (1989), Louisiana Breakfast (1990), dansé et chorégraphié avec Bud Blumenthal avec qui elle collaborera pendant une dizaine d’années, L’Espace Oblique (1991), Avna (1992), Tollund (1994), Les Plis de la nuit (1996) qui intègre pour la première fois des images filmées, Paysage promenade et Tollund (1997). Puis viennent le Solo Stockhausen (1997), interprété par Michèle Noiret sur la musique Tierkreis de Stockhausen en hommage à ce dernier et En Jeu (1998) où, avec le compositeur Todor Todoroff, elle explore des technologies interactives du son. À partir de 2000, invitée par Geneviève Druet en résidence au Théâtre des Tanneurs à Bruxelles, elle crée In Between (2000) et Twelve Seasons (2001) avec la collaboration de Paolo Atzori pour les images et les scénographies interactives et de Todor Todoroff pour le son. En 2002, avec le compositeur Todor Todoroff et le vidéaste Fred Vaillant, elle monte un projet qui s’ancre dans la durée : les « Prospectives » (2002-2004), approfondissement des recherches sur la décomposition de l’espace et l’intégration de technologies interactives du son et de l’image. De ce processus, naissent trois créations : Mes jours et mes nuits (2002), Sait-on jamais ? (2003) et Territoires intimes (2004), autant d’occasions pour affirmer un langage chorégraphique original et inventer de nouvelles synergies entre danse et technologies. En 2005, à la demande de Brigitte Lefèvre, Directrice de la Danse de l’Opéra National de Paris, elle crée avec la même équipe Les Familiers du labyrinthe, pièce pour quinze danseurs, où elle collabore avec Alain Lagarde qui signe la scénographie et les costumes.
Elle rencontre en 2002 le cinéaste Thierry Knauff. Ensemble, ils créent deux films, Solo (2004) et À Mains Nues (2006), poèmes cinématographiques, chorégraphiques et musicaux.
Vient ensuite Chambre blanche (2006), quatuor féminin, sobre et dépouillé. Ce spectacle a reçu le Prix de la critique Théâtre-Danse de la Communauté française de Belgique du meilleur spectacle de danse de la saison 2005/2006.
Artiste associée depuis la saison 2006-2007 au Théâtre National de Belgique, dirigé par Jean-Louis Colinet, elle y crée Les Arpenteurs (2007), pièce pour sept danseurs et les six musiciens des Percussions de Strasbourg, sur une musique originale de François Paris. Toujours en 2007, elle retrouve ses complices Fred Vaillant et Todor Todoroff dans De deux points de vue (2007), un duo créé pour les danseurs du Ballet de Nancy dans lequel elle développe, grâce à de nouveaux outils interactifs, une danse-cinéma qui nous entraîne dans les profondeurs de l’être.
Dans DEMAIN (2009), pièce chorégraphique multiforme pour quatre assistants, un caméraman et une danseuse, Michèle Noiret se laisse habiter par un personnage saisi par l’inacceptable du monde. Ses questions, sa révolte, sa vie intérieure et sa sensualité à fleur de peau, sont au coeur de cette pièce qui tisse des liens entre différentes écritures scéniques. Ce spectacle a reçu le Prix de la critique Théâtre-Danse de la Communauté française de Belgique du meilleur spectacle de danse de la saison 2008/2009.
En juillet 2010, elle crée La primultime rencontre à la demande de Bernard Foccroulle, pour le Festival d'Aix-en-Provence. Ce solo chorégraphié et dansé par Michèle Noiret, fut présenté dans le parc du domaine du Grand Saint Jean, en prélude à l'opéra Un retour, mis en scène par Oscar Strasnoy à partir d’un livret d'Alberto Manguel.
Toujours en 2010, Michèle Noiret crée Minutes opportunes, en collaboration avec les interprètes Dominique Godderis, Filipe Lourenço, Igor Shyshko, Lise Vachon et les assistantes Dominique Duszynski et Marion Ballester. Ensuite vient Hôtel Folia en mai 2011, à la demande de Frédéric Flamand, pièce pour 10 danseurs du Ballet National de Marseille. Elle signe également un court solo pour Thomas Lebrun qui s'intègre à la pièce Six Order Pieces, dansée par le chorégraphe et créée aux Rencontres chorégraphique internationales de Seine-Saint-Denis.
Dans la pièce Hors-champ (2013), Michèle Noiret approfondit les liens entre spectacle vivant et cinéma autour de la question: “une réalité hallucinatoire ?”
En mai 2014, la chorégraphe créé Palimpseste. Elle revisite le Solo Stockhausen, pièce importante de son répertoire, créée en 1997 et adaptée au cinéma en 2004 par le cinéaste Thierry Knauff.
En mars 2015, Michèle Noiret poursuit sa recherche artistique sur la danse-cinéma avec le court-métrage scénique Radioscopies et en février 2016 avec la performance L’Escalier Rouge, un duo dansé avec David Drouard.
En septembre 2016, elle créé Palimpseste Solo/Duo au Théâtre National de Chaillot à Paris.
Au printemps 2019, DÉSIRS et Vertèbre voient le jour : deux formes courtes, deux univers différents, dont le dénominateur commun est la transmission du langage chorégraphique propre à Michèle Noiret.
Créé en ouverture de la Biennale de Charleroi danse en octobre 2019, Le Chant des ruines, spectacle pour 5 danseurs, pose un regard interrogateur sur notre société en mutation perpétuelle dans un dispositif scénique épuré, léger et interactif. La chorégraphe réinvente ici, avec la complicité de son équipe, son écriture chorégraphique et sa façon de fusionner les langages de la danse et du cinéma.
l’œil, l’oreille et le lieu, duo danse/cinéma sur le thème de la disparition des insectes, a été créé en septembre 2022 en Norvège et y a été jouée 14 fois dans 5 lieux différents. Cette pièce tout public cible en particulier les adolescents et a été conçue pour être largement diffusée en milieu scolaire.
En avril 2024, Michèle Noiret revient sur scène avec un nouveau et ultime solo, Up Close ! Sans aucun artifice, elle joue de sa propre image avec tendresse, dérision et humour, convoquant la mémoire de figures qui ont marqué son parcours.
Artiste associée au Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 2006 à 2017, au Théâtre Les Tanneurs de 2000 à 2006, et régulièrement soutenue par le Théâtre National de Chaillot à Paris, sa Compagnie basée à Bruxelles est aujourd’hui indépendante. Elle est subventionnée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service de la Danse.
Michèle Noiret est membre de l’Académie Royale de Belgique.
BIOGRAPHIE COURTE
Michèle Noiret est une artiste reconnue dans le monde de la danse contemporaine en Belgique et à l’étranger. Véritable pionnière, elle introduit dès les années 1990, les technologies interactives du son et de l’image dans ses chorégraphies, en questionnant nos perceptions du temps et de l’espace. Le critique Gérard Mayen est le premier, en 2003, à utiliser l’expression « danse-cinéma » pour évoquer son travail.
D’une création à l’autre, la chorégraphe aime brouiller les pistes et semer le trouble. Elle réinvente et approfondit le concept de « danse-cinéma » par le questionnement récurrent du mouvement, de la musique, de la lumière, et de l’image. Par ces langages multiples et leur agencement minutieux, l’artiste explore l’humain, ses failles, ses désirs et le monde chaotique qui est le nôtre. Sa danse révèle une écriture à la fois fragile et forte soutenue par une recherche rigoureuse et inventive, portée par des interprètes, véritables « personnages chorégraphiques ».
Formée à l’école Mudra de Maurice Béjart, elle fonde sa propre compagnie à Bruxelles en 1986. Elle est l’auteure de plus de quarante chorégraphies qui incluent notamment les commandes pour le Ballet de l’Opéra de Paris, le Ballet de Nancy et le Ballet de Marseille.
Artiste associée au Théâtre National de la Fédération Wallonie-Bruxelles de 2006 à 2017, au Théâtre Les Tanneurs de 2000 à 2006, et régulièrement soutenue par le Théâtre National de Chaillot à Paris, sa Compagnie basée à Bruxelles est aujourd’hui indépendante. Elle est subventionnée par la Fédération Wallonie-Bruxelles, Service de la Danse.
Michèle Noiret est membre de l’Académie Royale de Belgique.