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Au sommet de son art, la chorégraphe belge crée Les Familiers du labyrinthe, à l’Opéra de Paris. Rencontre à la veille de la première
A l’inverse d’une tendance contemporaine « réaliste », vos univers s’adressent plutôt au sensoriel, au poétique, à l’inconscient…
Mettre la réalité telle quelle sur scène ne m’intéresse pas, même si je m’inspire du quotidien. J’essaie en effet de transposer, d’ouvrir un univers, de faire ressentir ce qui se passe derrière, de l’autre côté du miroir, dans l’inconscient, par des images où chacun peut puiser d’après son propre vécu. J’aime tout ce qui touche à l’être humain, l’étrange, le non-conventionnel, l’éphémère, la fragilité, les choses qui sont belles et fascinantes. Regardez les insectes, par exemple : leurs mouvements, leur rythme, leur temps propre… Qui prend le temps de regarder une araignée qui passe, au lieu de vite l’écraser et de courir faire son shopping ? Aujourd’hui, on est bercé par toutes sortes de choses superficielles et on perd complètement le sens de cette réalité-là, ainsi que la conscience de la fragilité de tout ce qu’on construit.
On retrouve l'élégance de Michèle Noiret dans les Familiers du labyrinthe. Des panneaux mobiles en volutes d'Alain Lagarde composent et recomposent l'espace. Gris comme du béton, ils pourraient écraser les petits hommes qui évoluent sur le plateau. Mais, en faisant alliance avec la musique de Todor Todoroff, ils structurent la scène, l'espace et le temps et deviennent des logis pour les danseurs"
Brigitte Lefèvre, directrice de la danse à l'Opéra de Paris a invité Michèle Noiret.
Qu'est-ce qui vous a plu chez Michèle Noiret et vous a poussée à lui demander une création avec vos danseurs?
Je vois beaucoup, beaucoup de spectacles de danse. Partout. J'aime en regarder, les décrypter. J'aime être surprise, confortée ou bousculée par des spectacles. Ce qui est formidable dans cet art est qu'il part d'une connaissance: d'une technique, d'un travail, d'un apprentissage personnel. Et Michèle Noiret a cette connaissance du corps. Je voyais cette très jolie femme, lumineuse et tourmentée à la fois. Elle a l'ombre et la lumière. Elle est quelqu'un de très direct. J'avais aimé «In between». Je voyais cette danse qu'elle maîtrise dans son inscription et dans sa transmission à ses danseurs. Elle est aussi très impliquée dans tout ce qui est lié à l'image et aux nouvelles technologies mais en ne les travaillant jamais dans l'esbroufe ou dans le simple souci de la beauté formelle. Ces technologies sont chez elle, un accompagnement essentiel pour aller au-delà. C'est rare de voir un talent comme elle, une personnalité singulière, hors des modes. Il y a eu entre elle, les danseurs et les équipes, une vraie rencontre. Il y a toujours un danger pour un chorégraphe à travailler dans une grande maison comme la nôtre. Mais elle a abordé les choses avec une grande simplicité.
Michèle Noiret jouait gros jeudi soir à l’Opéra de Paris. Première chorégraphe belge invitée à créer une pièce pour le ballet de cette prestigieuse maison, elle a magnifiquement gagné son pari avec une pièce qui parvient à utiliser les ressources du lieu et des interprètes, tout en livrant une œuvre dans la droite ligne de son travail personnel.
(...) Utilisant la rigueur du geste et la technique de ses interprètes, Michèle Noiret les entraîne sur de nouveaux chemins. Mouvements de mains ultra-rapides, immobilité lourde de présence, mise en mouvement du groupe subite, petits déplacements, lenteur et vivacité, sobriété et personnalité. Pas question ici d’un corps de ballet uniforme mais bien d’individus évoluant dans un même univers."
(...) La chorégraphe belge Michèle Noiret se distingue par le climat fluide et mystérieux de sa danse qui ne fait qu'un avec la musique et une scénographie d'une étonnante beauté. Les familiers du labyrinthe n'échappe pas à la règle, et les trois monumentaux éléments mobiles d'Alain Lagarde mis en valeur par les lumières de Xavier Lauwers exercent une étrange fascination. La musique concrète de Todor Todoroff accentue le caractère sombre de l'oeuvre qui se déroule à contre-jour ou dans la pénombre. Les noires images sont belles, mais la pièce, après un solo spasmodique de Benjamin Pech, peine à trouver son rythme. L'oeuvre prend forme avec les interventions de Nolwenn Daniel et de Jean-Christophe Guerri et les images abstraites du vidéaste Fred Vaillant à qui l'on doit également la spectaculaire projection des danseurs en noir et blanc sur grand écran. Dans cette dernière séquence, on retrouve tout le talent de Michèle Noiret, enfin à son aise avec des danseurs qui semblaient parfois lui échapper”.
Aux détours de l'intime
Une consécration
Pour Michèle Noiret, l'événement est de taille. Une forme de consécration, un sacré défi aussi: sa rigueur ultracontemporaine appliquée à un corpus de quinze jeunes danseurs, de formation ultraclassique, dans cette maison prestigieuse. Où la chorégraphe ne perd rien de ce qui fait l'âme de ses oeuvres. (...)
Un petit miracle poétique
Il y a d'ailleurs quelque chose de l'insecte dans l'étrange société, le corps mouvant que forment les quinze danseurs. Reptations, courses, stupeurs et démangeaisons, entraves et obsessions. Une vibration organique, une violence intérieure, de rares apaisement habitent ce dédale étrange qui nous apparaît, parallèlement, intensément urbain."
Paris est une reconnaissance pour le passionnant travail de Michèle Noiret. Rencontre.
Nous avons rencontré Michèle Noiret au lendemain de la première parisienne.Que représente cette aventure?
Une expérience artistique, professionnelle et humaine très forte. Ce ne fut pas facile du tout. On a travaillé d'arrache-pied et j'ai très peu dormi. Sans savoir quel serait au bout du compte le résultat. Nous n'avons eu que deux fois quinze jours avec les danseurs et les temps de plateau étaient partagés avec d'autres. C'est très peu et un vrai défi qui m'a confortée dans mon désir de prise de risque."
"Les familiers du labyrinthe” signé par la Belge Michèle Noiret, a imposé la séduction faussement lisse de cette chorégraphe, véritable héroïne nocturne. L'errance de ces personnages qui avancent et reculent comme dans une coquille d'escargot, se soulage dans des frottements de mains compulsifs. Michèle Noiret sait les affres du corps lorsque la douleur échappe à la raison. Un talent qu'elle sublime avec une frissonnante élégance. Le Ballet de l'Opéra a su en capter l'amplitude”.
Michèle Noiret, avec quinze jeunes danseurs de l’Opéra de Paris, plus habitués à la virtuosité qu’à la profondeur, a réussi son pari risqué : convaincre un large public qu’on peut parler à 1500 personnes un langage raffiné sans lasser. « Les familiers du labyrinthe » : (...) on entre dans ce monde mystérieux avec un bonheur grandissant. Tout démarre dans la pénombre, sous une imposante structure abstraite, due à Alain Lagarde. (...) Un petit peuple de danseurs d’une rare élégance investissent l’espace de leurs gestes précis. Ils ouvrent notre imaginaire par la combinaison aléatoire de solos, duos, ou de jeux de groupes, s’appuyant à la fois sur la musique de Todor Todoroff, la vidéo de Fred Vaillant, les clairs-obscurs de Xavier Lauwers et surtout l’intelligence de Michèle Noiret. La salle et la scène sont immenses mais la magie de l’intime opère : on apprécie cette maturité sans prétention d’un femme qui raconte sa vie et son art sans exhibitionnisme, via quinze danseurs prometteurs."
Michèle Noiret est l'une des meilleures chorégraphes en Communauté française. Elle est la première Belge invitée à créer une pièce pour le ballet de l'Opéra.
Hasard ou véritable lame de fond? Après s'être longtemps focalisée, non sans raison, sur les créateurs flamands, la France semble enfin découvrir pleinement les artistes de la Communauté française. (...) Le plus excitant est sans aucun doute l'invitation faite à la chorégraphe Michèle Noiret de créer une pièce pour le ballet de l'opéra de Paris. L'événement est de taille, aucun chorégraphe belge, flamand ou wallon, n'ayant jamais eu ce périlleux honneur. Ce jeudi soir, elle créera donc « Les familiers du labyrinthe » avec une quinzaine de danseurs, dans un programme proposant aussi deux pièces de Suzanne Linke et Laura Scozzi."
Distribution & crédits
Chorégraphie Michèle Noiret
Assistante à la chorégraphie Claire O’Neil
Créée et interprétée par les danseurs du Ballet de l’Opéra National de Paris
Composition électroacoustique originale Todor Todoroff
Scénographie Alain Lagarde
Vidéo Fred Vaillant
Lumières Xavier Lauwers
Costumes Alain Lagarde
Une production de l’Opéra National de Paris